Chapitre 6: Le topo
Monarque sur l'Acropole des Draveurs dans les Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie
Voici donc notre récit de Monarque terminé.
L'idée première derrière cet exercice était de partager notre aventure dans une voie alpine québécoise que je considère de "Testpiece" pour toutes sortes de raisons. D'abord, pour une raison obscure elle demeure méconnue et a vu très peu de trafic (2-3 cordées au maximum depuis son ouverture). Ensuite, elle a été gravie en libre dans un style exemplaire. Ensuite, bien qu'elle n'ait vu qu'une poignée d'ascensions en 33 ans d'existence, elle est étonnamment propre et le rocher y est généralement solide, à l'exclusion de la longueur du Monarque (2e longueur) qui devrait être purgée et celle du dièdre (3e longueur) qui pourrait facilement être nettoyée si d'autres grimpeurs s'y aventuraient davantage. Également, elle présente un dénivelé somme toute intéressant (environ 180m d'escalade technique) dans un décor de plus impressionnant. L'approche comporte quelques 400m de dénivelé dans un couloir à la fois intimidant et précaire. La voie commence à une altitude approximative de 800m d'altitude sur un promontoire exposé et la voie atteint le sommet (1000m et + d'altitude). Le gaz s'accumule rapidement en dessous des grimpeurs qui bénéficient de vues imprenables sur la vallée des Hautes-Gorges. Finalement, la descente à pieds, bien que longue, permet de retrouver l'auto sans les tracas de rappels qui peuvent s'avérer dangereux. Bref Monarque est, selon moi, un beau bijoux encore trop méconnu de l'escalade québécoise qui demeure accessible à beaucoup de grimpeurs qui veulent trouver un niveau d'engagement supérieur au Gros-Bonnet (Portneuf) sur du rocher de solidité nettement supérieure au Gros-Bras (Grands-Jardins). Ne vous laissez pas intimidez! Vivez au niveau de vos aspirations! Ci-dessous, je décris un topo plus détaillé pour ceux que ça intéresse. Pour les autres, on se voit DEWOR comme dirait mon ami Serge Alexandre Demers Giroux (Je vous invite d'ailleurs à visiter son site Internet http://dewor.ca/).
POUR LES PURISTES, CEUX QUI RECHERCHENT L'AVENTURE, LA VRAIE,
VEUILLEZ ARRÊTER DE LIRE ICI. CEUX QUI DÉSIRENT OBTENIR PLUS D'INFORMATIONS
PRÉCISES SUR LA VOIE, VOUS TROUVEREZ DAVANTAGE D'INFORMATIONS CI-DESSOUS. POUR D'AUTRES INFORMATIONS UTILES, JE VOUS RÉFÈRE AU BLOG (INCOMPLET) DE PATRICK BROUILLARD QUI VIT PRATIQUEMENT DANS LES HAUTES-GORGES DEPUIS LES DERNIÈRES ANNÉES AVEC CHARLES LACROIX (http://uneviedescalade.blogspot.ca/2015/12/les-hautes-gorges-de-la-riviere-malbaie.html).
MONARQUE 5.10+ 180m - 4 longueurs - Rack double standard jusqu'à #3 (BD), #4
peut être utile - une corde de 45m pourrait suffire étant donné la
configuration zigzaguante de la voie. Tous les relais sont faits à l'aide de protections
naturelles sur des vires.
Approche
du Centre d'interprétation: Cette dernière dépend de la saison et du
moment choisi:
i) Lorsque
le parc n'est pas officiellement ouvert, il faut stationner son véhicule sous
les lignes à haute tension juste avant l'entrée du Parc. Il faut ensuite
rejoindre le Centre d'interprétation du Barrage (8km) soit à la marche, en
vélo, ou par tout autre moyen qui ne possède pas de moteur à gaz (voir les
règlements du parc).
ii) Lorsque le parc est officiellement ouvert, plusieurs options sont envisageables:
- en période de bas achalandage (voir horaire du Parc) vous pouvez vous rendre en voiture au stationnement du Camping du Pin Blanc sans frais (en semaine seulement);
- en période de fort achalandage, il faut utiliser la navette du Parc (l'horaire est plus ou moins intéressant);
- louer un emplacement au Camping du Pin Blanc et y dormir la veille de l'ascension (ce qui permet de stationner son véhicule pour la journée à cet endroit, lequel est situé à 1 km de marche du Centre d'interprétation du Barrage);
- payer pour le camping, mais n'utiliser que le stationnement (vous devez tout de même payer les frais d'entrée quotidien); ou
- demander à la SÉPAQ une autorisation spéciale (faut savoir licher des culs).
Approche
de la voie: Prévoir entre 1h30 est 2h00 via le couloir évident qui atteint
l'amphithéâtre principal de l'Acropole des Draveurs. Depuis le Centre
d'interprétation du barrage, commencez le Sentier du Pieds des Sommets
par le segment le plus au Sud (sens anti-horaire de la boucle du sentier).
En commençant le sentier vous verrez des puits d'aération (tuyaux blancs)
pour le champs d'épuration du Parc sur votre droite. Après environ 5 minutes de
marche, le sentier montera de façon plus prononcée. Lorsque le sentier bifurque
à gauche à pratiquement 90 degrés, continuez tout droit à travers le bois pour
rejoindre le couloir. Si le sentier recommence à redescendre, vous êtes allés
trop loin. Il n'y a pas de sentier défini, bien que des traces de passages
antérieurs puissent être décelés (branche cassées, traces de pas, mousse aplatie),
mais il suffit de monter en diagonale vers la droite pour croiser le couloir où
la végétation dense disparaîtra peu à peu. Suivre le couloir, généralement
mouillé, mousseux à souhait et instable. Le couloir comporte certains passages
engageants (classe 4) et, bien que nous ne nous soyons pas encordés, la
prudence est de mise. Suivre le couloir jusqu'à ce qu'il bifurque à gauche et
devienne très abrupte, pratiquement au pieds des immenses parois. Une fois
rendu à la paroi située du côté gauche de l'amphithéâtre, remontez la paroi
vers la droite en manœuvrant de la meilleure façon possible sur les talus
moussus en visant le dièdre ouvert sur la gauche situé à droite de la portion
très orangée.
1ère
longueur 5.10+ (40-45m):
Débuter sur un promontoire très exposé (risque de chute de plus de 5m). Il est
fortement recommandé que l'assureur se vache dans la fissure à mains coupée au
couteau (#2 BD), verticale et très propre qui marque le départ de la voie
(cachée derrière un buisson). Des mouvements très esthétiques sur du rocher
très solide composent les premiers 8m jusqu'à une vire très spacieuse (En
1983, Louis Paré a installé un relais intermédiaire sur cette dernière juste à
gauche du petit toit). Contourner le petit toit en traversant vers la droite
(attention au feuillet dont la solidité semble extrêmement marginale) pour
atteindre le bas d'un dièdre ouvert sur la gauche et dont le sommet est obstrué
d'un arbuste d'environ 4 à 6 pieds de haut. **À ma connaissance ce dièdre n'a
jamais été gravi, mais pourrait peut-être présenter une alternative plus facile
que la fissure de la ligne originale**. Après quelques mouvements de pontage
dans ce dernier, traverser à gauche pour rejoindre une fissure à poings qui
devient soudainement hors-norme (crux technique). Il n'est pas nécessaire
d'avoir de #5 ou de #6. Une fois le passage corsé passé, il faut demeurer
vigilant puisqu'il reste plusieurs mètres d'escalade soutenue (crux
d'enchainement). Une fois la section verticale terminée, rétablir sur une vire
très spacieuse. Pour faire la version originale, ne pas s'engager dans le long
dièdre ouvert, moussu et lousse qui se trouve à droite (pour des raisons
inconnues, certaines cordées ont emprunté ce dièdre sale).
Continuez plutôt tout droit sur une dalle de faible inclinaison sans protection
apparente (sangles sur des buissons) et contourner un immense rocher pour
atteindre une vire cachée par de la végétation, laquelle donne sur un passage
étroit à droite (pratiquement une cheminée) et où il est possible de faire un
relais sur la paroi de gauche (coinceurs de petite et moyenne taille).
2e
longueur 5.8 (20-25m): Un
passage précaire et technique dans le passage étroit permet d'atteindre une
autre vire très spacieuse juste avant que le rocher tourne couleur orange et
marron, couleurs qui rappelèrent à Gaétan Martineau le papillon Monarque, d'où
le nom de la voie (un relais intermédiaire (optionnel) avait été fait sur cette
vire lors de la première ascension). Utiliser une fissure à mains franche bifurquant
en zigzag vers la droite. L'escalade dans cette section n'est pas
particulièrement difficile, la protection y est par contre espacée dû à
l'instabilité des blocs et la principale difficulté consiste à ne pas faire
tomber ces derniers sur l'assureur. Poursuivre l'escalade engagée jusqu'à un
rétablissement sur une petite vire de forme triangulaire et construire un
relais (coinceurs de petite taille) juste en dessous d'un magnifique et
esthétique dièdre aérien.
3e
longueur 5.10a (35-40m):
Suivre le dièdre évident et très aérien en utilisant la petite fissure à doigts
pour protéger et en utilisant tout votre arsenal de grimpe technique (dulfer,
coincements, pontage, pieds-mains, etc.). Avec un peu d'amour pour éradiquer
les champignons séchés et purger les 2 ou 3 blocs instables qui s'y trouvent,
ce dièdre serait assurément un classique. Après un rétablissement technique sur
une dernière vire, continuez dans le bois et faire un relais sur un sapin ayant un diamètre suffisant.
4e
longueur 5.7+ (20-30m): De
votre relais dans le bois, allez en diagonale vers la gauche (si vous
allez vers la droite vous risquez de tomber dans le grand dièdre lousse
mentionné à la 1ère longueur) pour arriver à une paroi moussue qui semble
facile à première vue. Détrompez-vous l'escalade est engagée, extrêmement
moussue et l'utilisation de la corde est nécessaire. Un bon brossage ferait du
bien! Sortir au sommet (ne pas faire attention aux nombreux touristes qui
veulent absolument prendre une photo souvenir de vous) et rejoindre un mur de 3
mètres de haut où il est possible de faire un relais (coinceurs de moyenne
taille) et manger des bleuets si la saison le permet.
Descente: Descendre le Sentier de l'Acropole des Draveurs (5km) (prévoir entre 1 et 2 heures). Rappeler pourrait être possible, mais n'est pas vraiment une option dans les conditions actuelles de la voie (présences de blocs lousses, absence de relais permanent, dégrimper le couloir d'approche pourrait s'avérer difficile, etc.). Je n'envisagerais cette solution qu'en cas d'extrême nécessité (blessures, malaise ou autres raisons impérieuses). Aucun équipement fixe en place (relais, sangles, etc.).
Descente: Descendre le Sentier de l'Acropole des Draveurs (5km) (prévoir entre 1 et 2 heures). Rappeler pourrait être possible, mais n'est pas vraiment une option dans les conditions actuelles de la voie (présences de blocs lousses, absence de relais permanent, dégrimper le couloir d'approche pourrait s'avérer difficile, etc.). Je n'envisagerais cette solution qu'en cas d'extrême nécessité (blessures, malaise ou autres raisons impérieuses). Aucun équipement fixe en place (relais, sangles, etc.).
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