dimanche 15 octobre 2017

YOSEMITE: UN NOUVEL HORIZON (chapitre 2)

Chapitre 2: L'éthique


"Getting to the top is nothing. The way you do it is everything."

- Royal Robbins-

Ces mots ont toujours eu un puissant effet sur moi et je me suis toujours laissé emporter par leur implication, autant dans ma vie personnelle que sur le rocher. Ils sont pour moi empreints d'une sagesse puissante dans laquelle je me suis toujours reconnu. Pour moi la vie, tant dans ses échecs que ses réussites, partielles ou complètes, passe avant-tout dans le respect des barèmes qu'on l'on s'impose à chaque jour. La confiance, l'honneur, la loyauté, le respect, de soi-même, des autres et des principes établis, ont toujours été supérieures à l'atteinte d'un objectif.

L'éthique est, en quelque sorte, la voix du coeur, celle qui défini le niveau de notre engagement envers quelque chose. C'est celle qui dicte les règles du jeu, la ligne de conduite à suivre. Elle teinte les efforts et la souffrance, la peur et les doutes qui peuplent nos vies et nos aventures. Elle nous donne vie. Comme elle met à nu les aspects les plus intrinsèques de nos personnalités, il vaut donc mieux d'être honnête avec soi-même, en toutes circonstances.

Je ne suis toutefois pas de ces puristes qui essayent d'arrimer le monde à leurs croyances, d'asservir les autres aux règles que je m'impose. Pour moi, l'éthique c'est de choisir ses propres règles et d'être honnête à leur égard.


Il convient donc de mentionner, d'emblée, les règles que Jeff et moi nous étions fixées pour grimper Freerider.

Le plan était tout d'abord de grimper le Freeblast, soit les onze premières longueurs de Freerider, en une seule journée.

Une fois sur Heart Ledges, six rappels (lignes fixes) permettent de retourner au sol, où nous avons dormi.

Après une journée de repos, utilisée à finaliser nos vivres et notre matériel, nous avons apporté nos haulbags en dessous des lignes fixes utilisées pour rappeler de Heartledges et nous avons entrepris d'hisser nos sacs jusqu'à Heartledges.



À partir de ce moment, l'objectif était de grimper les longueurs en libre jusqu'au sommet. Il n'était pas nécessaire pour nous que les longueurs soient grimpées en ordre. Si une longueur nous résistait, nous pourrions toujours y retourner plus tard, même après avoir grimpé plus haut.

Comme nous n'avions pas de portaledge, il fallait s'arranger pour dormir sur les vires naturellement disponibles sur la paroi. Il en existe plusieurs sur Freerider:


- Heartledges (pour 6-8 personnes, peut-être un peu plus);
- Hollow Flake ledge (2-3 personnes);
- Alcove (2 personnes);
- El Cap Spire (5-6 personnes);
- The Block (2-3 personnes); et
- Roundtable (2 personnes).

D'autres endroits moins commodes pourraient être utilisés pour bivouaquer en cas de besoin, mais le repos y serait marginal (position assise ou partiellement couchée).

Le coeur de notre stratégie était d'avoir avec nous 5 cordes, de sorte que nous pouvions fixer les longueurs après les avoir grimpées. Cette méthode permet de se déplacer rapidement entre les longueurs et les vires et, surtout, à ne pas avoir à hisser notre matériel entre l'ascension de longueurs, ce qui est extrêmement fatiguant. Cela permet également de redescendre travailler une longueur si nécessaire.

Bien que cette méthode puisse être assimilée à une tactique de siège (que je n'aime pas particulièrement) elle permet à deux travailleurs ayant peu de vacances dans la vie de maximiser les chances de réaliser notre projet. Elle a le désavantage de faire en sorte que nous devions trainer avec nous 5 cordes, ce qui est très lourd et encombrant. Il faut également mentionner que déterminer quelle corde permet de fixer quelle longueur devient souvent un projet d'ingénierie que Jeff a maitrisé en maitre. Seul je n'y serais jamais arrivé. Il faut être conscient de cette réalité lorsqu'on envisage utiliser cette technique.

Ces prémisses établies, le récit peut maintenant commencer.

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